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Afin de consacrer WHISPERING ASIA à l'exclusivité du cinéma asiatique, comme le voulait sa fonction première. J'ai créé ce blog, en l'honneur du cinéma de genre qui a tout autant de choses à dire.
USA 2007
De Asif Kapadia
Avec Sam Shepard,
Sarah Michelle Gellar,
Darrian McClanahan, Adan Scott…
Au cours d’un voyage dans son Texas natal, Joanna (Sarah Michelle Gellar) replonge dans ses souvenirs d’enfance, réminiscences qui la conduiront jusqu’à une ville étrange appelée
Voici un script relativement bien écrit qui d’une certaine manière fait parfaitement échos au titre du film. Réalisateur sensible et intelligent, Asif Kapadia saura nous transporter jusqu’à la fin en refermant le cercle narratif qu’il avait ouvert devant nous. Une histoire touchante, habile faite de fausses pistes et d’onirisme ambigu et une Sarah Michelle Gellar physiquement habitée par son rôle, à la limite de l’anorexie. En somme : de l’horreur à la sensibilité toute féminine, et dans le paysage cinématographique actuel, cela fait vraiment du bien.
De Francis Lawrence
Avec Will Smith, Salli Richardson,
Alice Braga, Charlie Tahan
Par le passé, l’incroyable roman de Richard Matheson et son potentiel (l’idée du dernier homme sur terre) visuel et dramatique avait déjà passionné plus d’un cinéaste. Mais les deux précédentes adaptations pour le grand écran (L'Ultimo Uomo Della Terra en 1963 et Le Survivant en 1971) furent un échec artistique cuisant, bien loin de rendre justice à l’impact graphique et émotionnel de ce roman majeur.
Aujourd’hui depuis sa publication en 1954 le livre de Matheson va enfin avoir l’adaptation qu’il mérite. Au service de cette incroyable histoire, le réalisateur Francis Lawrence (Constantine), l’acteur Will Smith, mais surtout une foi inébranlable de la part des 2 hommes envers le matériaux d’origine. Voici enfin porté à l’écran avec moyens et pertinence, le destin d’une humanité en voie de disparition.
Dans un futur proche, Robert Neville (Will Smith) scientifique brillant, contemple impuissant l’extinction de l’humanité face à un terrible virus qui décime la planète. Curieusement immunisé, il se retrouvera être le seul survivant, sur une terre dévastée. Persuadé qu’il n’est pas l’unique survivant de cette terrible pandémie, Robert Neville, entreprend de manière méthodique une quête à la recherche de ses semblables. Mais sa croisade se heurtera à une rencontre des plus horribles. Le fléau a transformé le code génétique du reste des humains, faisant d’eux des mutants dégénérés proches de la condition de vampire.
Mise à part ce postulat excitant, le film de Francis Lawrence, respecte avant tout la réflexion issue du roman original. Dès lors, tout ce qui a fait la modernité de ce monde, n’est plus que le vestige d’une civilisation éteinte, où l’être humain ne finira par ne plus être qu’une légende. Laissant place à des créatures nouvelles, issues des abîmes dont nous les avons fait naître. Notre monde est l’Atlantide.
Si le roman de Matheson était empreint de noirceur, voir de nihilisme, le réalisateur opte pour le même ton, mais les névroses de son personnage en moins. C’est donc le caractère scientifique du héros qui prend le dessus, puisque celui-ci organise ses journées de manière structuré, nonobstant le maigre espoir de retrouver les siens.
Il faut dire que le Robert Neville du roman subit une sombre solitude, qui le ronge comme une lèpre maudite (l’alcool aidant) et que chaque nuit est une lutte désespéré, barricadé dans sa maison assaillis par les hordes de vampires. Le Robert Neville 2007 quant à lui se voit affublé d’un compagnon canin, propice à éviter l’écueil de la folie, ou de la déprime, ce qui renforce le caractère pugnace du personnage.
La principale qualité de ce film et ce qui en fait réussite absolue, est au niveau de la justesse. Celle du jeu de Will Smith, auquel il est facile pour le spectateur, d’adhérer voir de s’identifier. Mais celle surtout des ambitions de Francis Lawrence qui évite avec soin les facilités à l’américaine, tout en préservant l’impact visuel énorme des plans et du thème de l’histoire. L’intimisme et l’introspection chère au roman de Matheson, rejoint avec harmonie le grand spectacle, qui illustre dès lors des émotions profondes et cauchemardesques sans sombrer dans l’excès ou la gratuité.
Ce juste mélange entre interprétation intimiste et grandeur du spectacle nous plonge dans l’esprit et l’atmosphère du roman (le sentiment d’enfermement et de solitude). Entre autre, ce plan en caméra aérienne plongeante saisissant, où Robert Neville traverse les rues dépeuplées d’une ville morte au volant de son bolide, frappe aussitôt l’imagination. Le sentiment d’espace et de liberté (seul au monde) laisse soudain place à une sensation terrible et suffocante. C’est une vision claustrophobe au cœur d’une ville trop grande pour un seul homme. Dans cette scène, tout l’impact d’une insupportable solitude nous saisit alors à la gorge.
Bref, Je suis légende est un gigantesque terrain de jeu scénaristique et une des adaptations des plus réussis de l’écrivain américain, passionnante en tous points, à ne manquer sous aucuns prétextes.