samedi 23 mars 2013

CITADEL

Citadel
Irlande 2012

De Ciaran Foy
Avec James Cosmo, Aneurin Banard,
Wunmi Mosaku



Cela fait un an que le film de Ciaran Foy écume avec succès les festivals européens, un an que nous l’attendons toujours sur nos écrans… . C’est désormais possible, grâce à l’excellent Festival Hallucinations Collectives qui permettra aux lyonnais de découvrir en avant première ce chef d’œuvre, ce mercredi 27 mars au Comedia avenue Berthelot.

Si l’appellation chef d’œuvre semble parfois galvaudée, car trop facilement employée par les bloggeurs amateurs, le film de Ciaran Foy mérite amplement cette distinction, tout comme il mérite de figurer au panthéon des films cultes du cinéma fantastique.


Peinture exceptionnelle, originale et surtout haletante, Citadel est un véritable film d’horreur urbain sur fond de dégénérescence psychique, une métaphore grise et anxiogène de la violence sociale. Ciaran Foy à travers son atmosphère fantastique et terrifiante aborde le problème d’une jeunesse ultraviolente et de ces quartiers pauvres laissés à l’abandon. Mais loin de dresser un portrait alarmiste et manichéen, saupoudré de relents politiques, le réalisateur glisse habilement dans l’onirisme et la psychologie, maitrisant tous les atouts du parfait cauchemar sur pellicule.


Tissant ses propres fils scénaristiques, il exploite tous les artifices formels et psychologiques de son récit, allant jusqu’à donner une aura exceptionnelle à cette sombre architecture urbaine.

Ce cadre alambiqué et anxiogène est abordé du point de vue Tommy, un jeune père devenue agoraphobe suite l’agression brutale et mortelle de sa femme enceinte par une bande de délinquants particulièrement violents. Fortement handicapé par sa maladie, Tommy se retrouve cloîtré chez lui, terrifié à l’idée de s’aventurer dehors, incapable de fuir ce no man’s land d’humanité qu’est devenu son quartier. Lorsque le gang de gamins meurtriers menace de vouloir s’en prendre à son enfant, Tommy n’a pas d’autres choix que de se confronter à ses peurs et accompagné d’une infirmière et d’un prêtre « vigilante », il se rend dans le QG de ces créatures encapuchonnées, un immeuble abandonné baptisé : la Citadelle.

Une empathie éprouvante

La fragilité de son héros rend réellement insurmontable la menace qui plane au dessus de son bébé, car comment ne pas trembler pour ce nouveau née, quant on observe impuissant ce père tétanisé par la peur ?

La peur urbaine (le spectre de l’agression) est vraiment palpable et la tension ne se relâche que lors de très rares moments. Le spectateur ressent viscéralement, visuellement et acoustiquement (le travail de la bande son est formidable) l’éprouvant calvaire de ce père de famille en proie à une meute infernale et ses phobies.


Choisissant le prisme du fantastique, Ciaran Foy nous plonge dans le doute, dans un trouble irréel, teinté de bleus et de gris, de poussières et d’ombres. La citadelle et ses fantasmes, place cette terreur urbaine aux frontières de l’onirisme, soulevant de nombreuses questions : la nature de ces gamins encapuchonnées est-elle réellement démoniaque ? Sont-ils vraiment humains ou bien est-ce la maladie de Tommy qui fausse son jugement ? Citadel prend des allures de quête du graal et recèle une dimension cathartique indéniable. Une thérapie pour le moins dangereuse à la recherche de soi, dans un enfer mental fait de béton.

Un film sur la peur et le courage.


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