jeudi 3 mars 2011

Black Swan

(2011)
De Darren Aronofsky
Avec Nathalie Portman, Mila Kunis,
Vincent Cassel, Winona ryder.

Nina
(Nathalie Portman) est danseuse au New York City Ballet, solitaire et perfectionniste, depuis toujours dévouée toute entière à sa discipline, elle ne vit que pour atteindre la perfection et devenir à son tour une grande étoile du ballet.

Cette abnégation, lui permet d’être repérée par Thomas (Vincent Cassel) maître chorégraphe réputé et courtisé qui souhaite mettre en scène une nouvelle version du célèbre lac des cygnes.
Dans sa vision personnelle et ambitieuse du ballet de Tchaïkovski, le cygne noir et le cygne blanc ne sont plus qu’un seul et même personnage, interprété par une seule danseuse, afin de mettre en avant la dualité de l’héroïne. Ce qui implique dès lors de trouver une interprète capable de camper la fragilité et l’innocence du cygne blanc, ainsi que l’impulsivité et la sensualité du cygne noir.

Bien qu’envisagée comme la future égérie du spectacle, Thomas reproche à Nina de ne pas suffisamment se laisser aller pour animer la flamme du cygne noir, la jugeant trop pure et trop parfaite, à défaut de Lilly (Mila Kunis), nouvelle danseuse, qui semble être son parfait opposé.

L’arrivée de la troublante Lilly, la pression exercée par Thomas, tyrannique Pygmalion, ne font qu’accroître l’anxiété et la fragilité psychique de Nina, qui au fil du temps s’enfonce au travers de sa quête de perfection, dans l’ambiguïté de la folie, un cauchemar alternatif qui révélera une part insoupçonnée de sa personnalité.

Dès les premières minutes, le ton est donné. Tout commence avec un rêve, une scène de danse saupoudrée de fantastique. Fluide, subtile et éthérée, mais paradoxalement terriblement oppressante, cette scène clef augure de la thématique de l’œuvre sur le fond et sur la forme. Bienvenue à la frontière de l’art qui sépare la perfection de la folie.

Black Swan est la projection spectaculaire d’une héroïne littéralement dévorée par ses
obsessions. Dans ce rêve déjà l’omniprésence de la folie, tapie dans l’ombre du cygne noir, assaille et guette les failles de ce corps fragile afin de mieux le posséder.

Nina ne vit que pour la danse et la danse est toute sa vie. Sa mère, ancienne danseuse de ballet transpose ses ambitions et sa frustration de manière terrifiante. En réalité, Nina est incapable de trouver sa place dans ce monde, si ce n’est dans le monde du ballet. A ce titre l’interprétation à la fois physique et émotionnelle de Nathalie Portman suscite une réelle empathie. L’obsession de la perfection, le désir de reconnaissance et d’amour entraîne sa destruction et sa transformation, à la fois physique (elle souffre dans sa chair et dans ses os) et mentale.
Peu importe que l’on soit hermétique ou réceptif au monde de la danse, Black Swan est avant tout une histoire de perfection et de sa quête aliénante, qui verra naître une personnalité troublée. L’art devient identitaire, épanouissant et destructeur. Black Swan est un film sur la transformation.
Beau et puissant, le film de Darren Aronofsky est une œuvre d’art au même titre que son sujet, où le fantastique épouse la folie dans un premier degré viscérale et éprouvant. Et pour celui qui connaît le pouvoir de la démence, Black Swan fait vraiment très peur.

Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!



Aucun commentaire: