The Dead don't die
USA 2019
De Jim Jarmusch
Avec Bill Murray, Adam Driver
Tilda Swinton,Chloë Sevigny
Sur le papier, The Dead don't die a tout pour émoustiller le cinéphile,
un auteur talentueux, un casting trois étoiles (Bill Murray, Adam
Driver, Tilda Swinton, Danny Glover et bien d'autres...) et un thème
plus qu’iconique : le film de zombies. Il faut dire que l’homme n’en est
pas à sa première réappropriation des genres : le western (Dead Man),
le film de Samurai (Ghost Dog) et même les vampires (Only Lovers Left
Alive). Si, pour les deux premières du moins, cette incursion nous a
donné à voir des œuvres puissantes et personnelles, on en espérait
autant de ce nouvel essai.
La première partie du film, plante le
décor dans une l’Amérique profonde et dresse des portraits aussi variés
qu'attachants. Hélas, en dehors de cette belle introduction, le film ne
décolle jamais. La faute à un réalisateur qui, dans son propos, aborde
le film de zombies avec une condescendance embarrassante.
Et le
naufrage commence dès la première apparition des morts-vivants, pire là
où le film est censé prendre son envol, il s'essouffle, disséminant chez
le spectateur un ennui presque gêné. Le scénario, tombe dans la
facilité d’une série Z, tout en se targuant que tout cela est bien
entendu voulu. Les multiples références à la Nuit des Morts Vivants de
Georges Romero laissent de marbre, voir agacent, par l’arrogance
scénaristique de son réalisateur. Jim Jarmusch vise le pamphlet
politique et s’amuse à déconstruire l’Amérique de Trump sans aucune
finesse. Tilda Swinton est une caricature d’elle-même, ce qui la rend
insupportable. Le duo Bill Murray et Adam Driver amuse et déconcerte par
leur nonchalance ou apathie, ce qui nous laisse croire que ces postures
n’ont rien d’anodines. Car cet humour pince-sans-rire, dévoile un film
trop conscient de lui-même qui s’auto congratule et verse dans
l’autoréférence.
The Dead Don’t Die crée dès lors un parallèle étrange
entre la filmographie du cinéaste et la parodie du cinéma de genre. Les
références à ses précédents films sont fortement appuyées, Iggy Pop et
son obsession pour le café (Coffee and Cigarettes), quand on n’entre pas
clairement dans le méta discours (avec entre autre le personnage d’Adam
Driver).
En faisant de The Dead don’t die un film trop conscient
de lui-même, Jarmusch irrite et fait de son long-métrage un spectacle
qui laissera, les cinéphiles comme la plupart des spectateurs,
circonspects.