jeudi 31 juillet 2014

Mister Babadook

Australie 2013
De Jennifer Kent
Avec Essie Davis, Noah Wiseman


Auréolé de nombreux prix depuis le festival de Sundance et précédé d’un bouche à oreille plus qu'élogieux, on peut dire que le film de Jennifer Kent n'a en rien usurpé sa réputation.



Mister Babadook sous ses apparats terrifiants de conte macabre et fantastique nous narre la souffrance d'Amelia qui, depuis la mort brutale de son mari, peine à élever Samuel, son fils de six ans turbulent en proie à d'incessants cauchemars.



En quelques plans tout est dit, Jennifer Kent nous fait entrer dans l'intimité de ce duo fragilisé, isolé par la condescendance voir la méfiance d'un entourage peu concerné par ce qu'ils traversent, si ce n'est sur les répercussions que cela peut avoir sur leur vie bien rangé. La réalisatrice nous prend par la main, s'insinue doucement dans la détresse de cette mère qui surnage dans le deuil et dépeint par touches ingénieuses sa vie qui lui échappe vampirisée par l'amour envahissant de son fils.



Mister Babadook, c’est l'intrusion du fantastique dans le quotidien par l'intermédiaire d'un livre éponyme mystérieusement posé sur leur étagère, un livre qui semble les avoir choisis et dont l’aura malfaisante n’aura de cesse de grandir de manière oppressante. Tout au long du film, deux points de vue s'opposent, coïncident, s'affrontent jusqu'à se confondre subtilement à travers la mère et le fils. Jennifer Kent témoigne d’une sensibilité peu commune, d’une mise en scène subtile et habile et saura tenir son propos sur le fil de l'ambigüité, du réel au surnaturel. Très vite le lien entre une douleur qui ne peut s'apprivoiser et l'éducation de l’enfant devient dès lors évident.



La réalisatrice nous fait grâce des effets chocs qui confinent trop souvent au ridicule, au profit d’une horreur artisanale qui se nourrit de peu d'artifices : un livre angoissant aux illustrations terrifiantes, une  bande son efficace, des acteurs habités, Jennifer Kent a bien comprit que le plus important dans un film ce sont les personnages et que sans empathie pas de frissons. La réalisatrice croit au pouvoir des ombres et soigne son monstre, le confinant dans le doute et l’invisible, abandonnant au moment opportun une silhouette longiligne  noire pourvue de griffes métalliques pour le  murmure d'une voix malade et sépulcrale.




Mister Babadook est un miroir schizophrène aux confins de l'amour et de la douleur. Comme tout conte qui se respecte il est une métaphore, le monstre du placard quant à la folie de sa mère pour l'un, la transcendance du deuil et de l'aliénation pour l’autre. Mister Babadook existe bien, il est le croquemitaine pour les enfants et bien pire pour les adultes car Jennifer Kent nous prouve avec une terrifiante efficacité que la folie est monstre caché au fond de soi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis d'accord! Superbe film.

Anonyme a dit…

je suis d'accord! Superbe film