mardi 23 juin 2009

CORALINE



Coraline
USA 2009
D’Henry Selick








Coraline Jones est une petite fille intrépide, dotée d’une curiosité sans limite et rêveuse insatisfaite au grand damne de ses parents qui viennent tout juste d’emménager dans une étrange maison afin de boucler leur nouveau catalogue de jardinage. Absorbés par leur travail, ils ne peuvent consacrer tout leur temps à leur insatiable et unique fille.


Coraline peu enchantée par sa nouvelle vie et persuadée que ses parents ne l’aiment pas (ou pas comme elle le souhaite) s’ennuie ferme et nourrit sa morosité d’un cynisme infantile, tout en jouant les exploratrices de cette curieuse bâtisse et de son voisinage.


Une nuit va alors bouleverser son quotidien, lorsqu’elle découvre que la porte cachée dans le mur du salon, donne accès à un monde parallèle. Comme Alice à travers le miroir (1), Coraline découvre un univers merveilleux et fantastique, le parfait reflet de son quotidien. Ici tout est agencé selon ses aspirations et ses caprices. Ses parents sont drôles et disponibles, ses voisins excentriques et enchanteurs, un monde idéal qui semble répondre à toutes ses attentes.


Mais comme le dit l’adage, méfies toi de ce que tu souhaites, il se pourrait que tu l’obtiennes. Chaque médaille a son revers et cette mascarade pour enfant gâtée n’aurait elle pas un prix ? Le prix de l’âme…


Coraline d’Henry Selick est une œuvre d’une féerie technique jouissive, la stop motion doublée de l’animation 3D démontre toute l’étendue de son talent de conteur. Henry Selick, enfin affranchit de l’ombre de Tim Burton (l’Etrange noël de Monsieur Jack, c’est lui ) est un démiurge aux rêves modélisés et Coraline est un régal pour les adultes/enfants que nous sommes.


Mais ne vous méprenez pas, le caractère allégorique et subliminale de Coraline est sombre, bien loin de l’univers enfantin étalé sous nos yeux. Le tunnel qui rejoint les deux mondes et que doit traverser Coraline, n’est pas sans rappeler un vagin ou un cordon ombilical, l’allégorie du lien maternel, de la possession aussi. La scène d’ouverture, avec cette confection de poupées humaines, manipulées par de squelettiques mains de métal reste un moment particulièrement mystérieux et inquiétant. Ces allusions et ces indices disséminés avec génie tout au long du film, nous révèleront ainsi les clefs de l’intrigue et de son message.


Coraline est une œuvre allégorique sur la mort et la renaissance, sur l’acceptation des autres et des différences, le passage à la maturité en sommes. Henry Selick compose avec les terreurs enfantines et la puissance évocatrice du conte, transformant le rêve en cauchemar. Pantins réduits au mutisme, laideur de l’âme, sourire cousue au sens propre à la force de l’aiguille, troque des yeux (miroir de l’âme) contre des boutons…


Coraline, de par sa perception superficielle des choses, va ainsi traverser un cauchemar merveilleux, traumatisant et subversif, éloquent et didactique, pour découvrir la véritable valeur des différences et la bienveillance de l’imperfection.


A cet instant apparaîtra le générique final, où sur la lune (le rêve) les nuages (les griffes de la sorcière) ont enfin relâché leur emprise.

(1) L'oeuvre de Lewis Caroll
Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!