samedi 17 mars 2012

Detachment

USA 2011
De Tony Kaye
Avec Adrian Brody, Marcia Gay Harden,
James Caan, Christina Hendricks



Le réalisateur du sulfureux American History X refait le portrait du système éducatif américain.




Henry Barthes (Adrian Brody) professeur remplaçant porte un regard triste et fataliste sur ses semblables, assigné dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise, il fait la rencontre accidentelle d’une jeune prostituée, probablement mineure mais très envahissante. Par la force des choses, il décidera de l’héberger.

Tout comme la solitude construit un mur parmi les gens, Henry est un enseignant brillant mais anonyme, qui s’emploie à cultiver un détachement émotionnel sur tout. De ce fait sa situation de substitut lui sied parfaitement, puisque cet aspect éphémère, propice au non attachement, le protège de potentielles souffrances extérieures (d’autant que nous découvrirons chez lui des douleurs psychiques bien profondes). Pourtant et presque malgré lui, il fera face à la Vie et pour une fois se décidera à agir, à sa manière…


Une distribution de « piques » de la part d’un réalisateur visiblement concerné et engagé.
Tony Kaye étale ses préoccupations et dénonce la déliquescence d’une Société à travers une génération profs / parents, élèves / enfants.



Si quant à la réalisation, certains ont déploré les effets de styles (clip animés, logorrhées, soliloques face caméra...), j'ai pour ma part particulièrement apprécié et j'en aurai même voulu plus... . Ce qui m'a le plus gêné, c'est cette retenue, cette sorte de timidité formelle de la part de l'auteur d'American History X. On ne peut que néanmoins féliciter l'intention du cinéaste et la performance des acteurs incarnent avec force leur personnage quelque soit  leur imprtance.

En réalité Détachment est un film faussement subversif, plutôt tendre et mélancolique qui témoigne d’une honnêteté cinématographique indéniable. Pas assez pour déclencher la révolution qui nous démange, mais il a le mérite d’aborder frontalement plusieurs thèmes parfois tabous, polémiques (faire passer un permis d’aptitude pour les parents désireux de procréer pour savoir si ils sauront s’occuper de leurs enfants) et douloureux. Le sujet de la vieillesse est abordé sans détour à travers le grand père du héros, tout comme la transmission des traumas (Henry a-t-il été violé étant enfant ?).


Plus qu’une diatribe de l’éducation Detachment est un procès sans appel. Celui des adultes : incompétents, indifférents, pervers... et de leurs enfants tyranniques, amoraux et ultras violents.