jeudi 10 juillet 2008

Diary of the Dead



Diary of the Dead
USA 2008

Avec Shawn Roberts, Megan Park
Michelle Morgan, Nock Alachiotis,
Matt Birman, George Buza, Josgua Close
Joe Dinicol, Christopher Cordell




Des étudiants en cinéma et leur professeur décident de tourner leur film de fin d’année (un film d’horreur à petit budget) dans une forêt. Au cours du tournage, ils observent des comportements étranges venant des populations alentours, avant de comprendre avec effroi qu’il s’agit de morts revenus à la vie et dotés d’un appétit féroce. Terrorisés, ils deviendront les témoins d’un monde qui en quelques heures basculera dans le chaos total.
En choisissant de braquer leurs caméras sur les zombies et les horreurs bien réelles auxquels ils sont confrontés, ces jeunes cinéastes s’improvisent "Historiens" de leur époque dans un style cinéma-vérité : le documentaire filmé à la première personne.



Une leçon de cinéma sur le cinéma


A propos du film à la première personne

Le procédé est déjà quelque peu connu, l’interactivité de la caméra subjective est un moyen considérablement accrocheur pour le spectateur d’aujourd’hui, puisque évoluant dans un monde où l’omniprésence des caméras est avérée et à la porté de tous.




Le style effet choc, peur par immersion, via la caméra subjective avait depuis, le maladroit mais ingénieux, Projet Blair Witch, fait des émules. Mais il s’agissait jusque là de pétards mouillés (voir l’affligeant Cloverfield). Comme si le style "shooting à la première personne" pouvait à lui seul compenser l’absence de maîtrise et surtout l’absence de fond. Depuis, REC de Jaume Blaguero et Paco Plaza, a redonné ses lettres de noblesses au genre avec cet hallucinant train fantôme live. Et Romero surfant sur la vague injecte avec sa subversion habituelle une réflexion habile sur le médium exploité. Du grand art !



George Romero dans son intelligent "Quintuple cinématographique" dédié aux morts vivants, ne cesse d’explorer l’abyssale thématique du genre comme métaphore des maux de notre société. Terriblement contemporain, Diary of the Dead marquera comme les précédents opus du réalisateur, un nouveau constat de la singularité de son époque. Celle du 21ème siècle, de la sur-médiatisation et du tout vidéo. Aujourd’hui n’importe qui peut s’improviser reporter via son téléphone portable et l’ère numérique a vu l’explosion des différents moyens de communications et surtout de retransmission de la réalité.






L’image a remplacé l’écriture et tout le monde peut devenir l’archiviste de son époque. A ce sujet George Romero apporte sa réponse cinématographique au cinéma « vérité » et au format documentaire des reportages télés. Il exploite ainsi dans sa thématique et sa mise en scène les débordements et les limites de la télé réalité et des différents supports médias, allant du voyeurisme à l’opportunisme. Brillant et efficace ! Et Surtout, bien plus légitime que le gore putassier des autres Hostel et Saw 4.

Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

The Return



The Return

USA 2007

De Asif Kapadia

Avec Sam Shepard,

Sarah Michelle Gellar,

Darrian McClanahan, Adan Scott…






Au cours d’un voyage dans son Texas natal, Joanna (Sarah Michelle Gellar) replonge dans ses souvenirs d’enfance, réminiscences qui la conduiront jusqu’à une ville étrange appelée La Salle, dans laquelle elle n’avait pourtant jamais mis les pieds. En ce lieu, elle commence à souffrir d’hallucinations, de flash-back et de cauchemars qui vont accentuer sa dépression et ses actes d’automutilation.





Voici un script relativement bien écrit qui d’une certaine manière fait parfaitement échos au titre du film. Réalisateur sensible et intelligent, Asif Kapadia saura nous transporter jusqu’à la fin en refermant le cercle narratif qu’il avait ouvert devant nous. Une histoire touchante, habile faite de fausses pistes et d’onirisme ambigu et une Sarah Michelle Gellar physiquement habitée par son rôle, à la limite de l’anorexie. En somme : de l’horreur à la sensibilité toute féminine, et dans le paysage cinématographique actuel, cela fait vraiment du bien.




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Bataille à Seattle




Bataille à Seattle
USA 2008


De Stuart Townsend
Avec Martin Henderson, Andre Benjamin,
Michelle Rodriguez, Ray Liotta, Charlize Theron,
Connie Nielsen, Jennifer Carpenter, Channing Tatum.





En relatant les émeutes qui ébranlèrent Seattle lors de la réunion de L’Organisation Mondiale du Commerce en 1999, StuartTownsend fait, pour un premier long, la démonstration de son ambition à la fois artistique et altruiste. Rassemblant une armée d’acteurs chevronnés, le voici fin prêt à mener sa première bataille cinématographique en se faisant l’écho des milliers de voix qui ce fameux jour s’étaient élevées contre le système et qui aujourd’hui encore continuent à hurler un peu partout dans le monde.


Pour cette première œuvre que l’on peut qualifier d’engagé, le jeune réalisateur fera preuve d’une maîtrise et d’une honnêteté rare. Ne cédant, ni à la facilité, ni au manichéisme, aidé en cela d’un script parfaitement bien écrit et d’une connaissance profonde de son sujet. Sa réalisation à la fois intense et efficace (longue focale, sens du rythme, bande son des chœurs échaudés de la rue, juxtaposition d’images d’archives) va faire preuve d’une intelligence cinématographique surprenante qui nous tiendra en haleine jusqu’à la dernière minute.


Du grand talent, malheureusement desservit par le lobbying des médias et des distributeurs qui étouffèrent dans l’œuf tant d’impétueuses qualités. Ceci en passant sous silence jusqu’à l’existence de ce film et en restreignant au maximum sa distribution en salles.
Bref, une belle démonstration de sabotage calculé, qu’il est grand temps de combattre en réveillant notre intelligence, notre indépendance et notre sens critique.



Pourquoi il faut voir ce film


Cet événement et notamment la répression extrêmement violente des policiers, rassembla un nombre incalculable de manifestants éclectiques et donna naissance sous l’œil des caméras au premier courant alter mondialiste planétaire.


Pendant 5 jours la ville fut en état de siège (un couvre feu fut imposé) et le monde entier avait les yeux rivés sur une page de son histoire. Pour certains, c’était peut-être la naissance d’une conscience mondiale contre les profits de l’OMC au mépris des enjeux planétaires et des pays en voie de développements.
A travers le récit de ces émeutes, des enjeux cruciaux sont ainsi exposés (environnement, humanitaire) et Stuart Townsend nous invite à prendre part au débat.


Ce qui est intéressant dans le travail extrêmement méticuleux du réalisateur, mise à part la volonté didactique de l’introduction, c’est sa capacité à retranscrire les événements sous le prisme et les émotions des protagonistes de tout bord.

Nous cumulons alors les points de vue. Ceux des divers manifestants alter mondialistes, celui du docteur de Médecins Sans frontières qui tente de plaider la cause des pays du Tiers Monde au sein même de l’OMC. Une journaliste se découvre une conscience militante, un policier de la brigade anti-émeute se retrouve plongé dans un chaos dont il ne prend pas toute la mesure, parasité par le trop plein d’émotions de son histoire personnelle.


Mais au delà de cette capacité à nous faire vivre de l’intérieur cette manifestation et le ressentit des différents personnages, Stuart Towsend s’attarde aussi sur les faits, les actes isolés de chacun, ceux de tous, et les conséquences heureuses ou tragiques qui en résultent. Quelques exemples édifiants :

- L’émissaire de Médecins Sans Frontières, à cause des manifestations, ne peut se rendre à la conférence de l’OMC.
- Les médias préfèrent se focaliser sur la violence des affrontements et restent sourd au message des pacifistes et à l’appel des consciences des Organisations Humanitaires.
- L’épouse du policier, enceinte, passée à tabac par les forces de l’ordre alors quelle tentait de rentrer chez elle.


Le réalisateur passe ainsi d’une nuance à l’autre, sans prendre parti, en évitant d’allez chercher du politique là où il n’y en a pas. Avec une efficacité idéale, une écriture parfaite et des interprétations remarquablement justes, Bataille à Seattle s’inscrit parmi les œuvres cinématographiques nécessaires, dont le caractères testimonial apporte un message fort qui se veut représentatif d’une génération abusée par les médias et absorbée par l’égoïsme.


Bataille à Seattle est un cri qu’il faut entendre, un combat qui à défaut d’être mené par l’ensemble des spectateurs doit au mieux être reconnu et mis en avant. Une œuvre salutaire et A-Politique qui démontre combien le devoir de dénonciation et de rébellion peut être vitale pour le bien de cette planète.


Faites vite, ce film ne restera pas longtemps sur les écrans, étouffé par une masse médiatique à vocation débilitante. Voilà enfin une œuvre qui vous invite à réagir, à se poser de bonnes et utiles questions. Voilà du cinéma intelligent et haletant qui mérite mieux que le silence des distributeurs et de la presse.


Cultiver vous !


Apprendre et comprendre, sont des moyens de ne pas subir la dictature d’autrui. Comment peut on accepter que soient bâillonnés ceux qui ont de vraies choses à dire ? Comment au nom de ce qui fait vendre peut-on s’asseoir sur nos principes ? Le prime time cultive-t-il des idiots ? Pourquoi les émissions intelligentes sont-elles reléguées au second, voir troisième plan ? Pourquoi quant une loi est injuste ou immorale, flic, militaire ou fonctionnaire, leur donnent toute légitimité, cela au mépris de leur conscience ? Est-il encore possible de devenir intelligent aujourd’hui ?


Symptomatique du monde moderne, notre confort est notre faiblesse. Il a fait de nous des complices, borgnes plutôt qu’aveugles, parce que nous sommes tous conscients que la planète et la majorité des nations ne peuvent plus continuer ainsi.
En réalité, ce film nous invite tous à reconsidérer nos choix , nos engagements quotidiens, en mettant sur la balance notre intérêt et notre conscience.
Peut être que si il est compris et mieux relayé, Bataille à Seattle pourrait contribuer à faire de nous des citoyens du monde à part entière ?

Allez en attendant, je vais revoir Citizen Dog de Wisit Sasanatieng en m’assurant qu’il ne poussera pas une queue au derrière ! (1)

(1) cf article précédent sur whispering asia de juin 2007.


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L'orphelinat





L’orphelinat (El Orfanato)
Espagne / Mexique 2007

De Juan Antonio Bayona
Avec Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Princep,
Mabel Ribera et Géraldine Chaplin









Cette fois c’est certain la nouvelle vague du cinéma de genre est bien ibérique !
Après la déferlante horrifique extrêmement codifiée engendrée par l’Asie. A L’Espagne et son cinéma de qualité de prendre le relais. Avec ce sens innée du fantastique, cette frontière qui délimite le quotidien du rêve. Voici enfin un pays et des réalisateurs cinéphiles à l’aune du réel et de la féerie, au service d’une dramaturgie imparable.


Après Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan) et Jaume Balaguero (Fragile) qui ont ouvert la voie et fait exploser le cinéma ibérique fantastique à l’échelle mondiale. Au tour de Juan Antonio Bayona dont c’est le premier film et de son scénariste démiurge Sergio G. Sanchez de confirmer la confiance accordée par leurs pairs (Guillermo Del Toro en est le producteur).
Premier essai réussi : l’Orphelinat est une œuvre de maître réalisée avec foi et talent qui frôle la perfection émotionnelle et visuelle. Il n’y a pas à dire, le cinéma espagnol est une réserve de metteurs en scène hors pair (Nacho Cerda pour ne pas citer les autres) à l’identité forte, tout comme le cinéma asiatique possède ses talents et leurs touches inimitables.



Laura (Belén Rueda) revient s’installer dans l'orphelinat où elle a passé son enfance. Accompagnée de son mari Carlos et de son fils Simon, elle espère transformer ce lieu abandonné depuis longtemps et chargé en souvenir, en un foyer pour enfants handicapés. Choyé d’un amour inconditionnel, le jeune Simon ne sait pas qu’il a été adopté et qu’il est atteint du virus HIV. Dans ses jeux quotidiens, Simon peuple cette grande bâtisse d’amis imaginaires afin de tromper sa solitude et son ennui. Très vite, le jeune Simon prétend communiquer avec d'autres enfants qui disent être les pensionnaires de la maison. Lors d’une journée porte ouverte de l’orphelinat, après s’être disputé avec sa mère, Simon disparaît mystérieusement. Les parents et la police pensent à un kidnapping, mais après plus de 9 mois de recherches infructueuses, l’affaire est sur le point d’être classée. Cependant Laura sent que son fils n’est pas loin, en compagnie de ses « amis » qui pourraient bien être les auteurs de son enlèvement. A la frontière entre son enfance et l’âge adulte Laura régresse aux confins du surnaturel et du souvenir afin de retrouver son fils, malgré le scepticisme désabusé son mari.



L’adieu à l’enfance et l’enfance immortelle

Derrière son aspect conte de fée horrifique, le film de Juan Antonio Bayona rappelle aux mortels que nous sommes la triste inéluctabilité de la mort et la douceur du mensonge. L’allégorie à Peter Pan devient alors évidente, lourde de sens, de drame et de poésie, tant elle liée aux personnages. Les enfants du pays imaginaire représente le royaume de l’au delà, dans lequel Simon malade et condamné avait déjà un pied.
Et de part son amour, son ouverture et ses souvenirs Laura serait alors la Wendy de l’œuvre de James Matthew Barrie. Voici un moyen parmi tant d’autre de nous réfugier dans un rêve plus réconfortant que la mort.


Dans sa capacité à faire peur et à susciter l’émoi, le jeune cinéaste rejoint les oeuvres de la littérature de genre et les grands classiques du cinéma. Référence parmi tant d’autre : la maison du Diable, classique formel de Robert Wise en 1963. Dans cette enquête opposant scepticisme et croyance (Carlos et Laura) Bayona rend donc un hommage cinéphile aux grandes œuvres de l’époque. Notamment dans la séquence avec la médium, au premier abord on pense que le réalisateur opte pour une mise en scène sur le ton de la farce et du ridicule, comme si lui même n’y croyait pas. Mais c’est pour mieux nous balancer en pleine face la réalité plausible et effrayante du surnaturel. Sans le savoir nous avons franchit la ligne.



Œuvre d’une grande maîtrise, l’Orphelinat joue avec l’imaginaire pour nous ramener à la plus sordide des réalités (attention au final poignant).
Un conte hypnotique d’une lucidité absolue, quelque part entre les mensonges d’amour des adultes (dénie de la mort, de la maladie et autres traumas de la vie : l’adoption) et la vérité cruelle des enfants (les enfants savent toujours malgré la précaution de nos secrets). Intimiste, subtil et effrayant, voici le grand mensonge de la vie.
Voici la violence de la mort (tangible, laide et implacable), à l’opposé des rêves du royaume des enfants, comme dans l’accident de l’assistante sociale renversée par une voiture, son corps démantibulé, sa mâchoire disloqué. Une scène choc, rappelant l’apprêté de la grande faucheuse. Voici donc le monde des adultes.



Mais l’Orphelinat est aussi un film sur le pouvoir de l’amour, celui d’une mère et de son enfant, un sentiment immortel qui semble perdurer dans sa propre dimension. L’Orphelinat est un royaume à la frontière ténue, entre douleur et réconfort, nous rappelant que nous vivons tous à 2 pas de la mort et de l’amour.
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Je suis une légende

(Etats Unis 2007)

De Francis Lawrence
Avec Will Smith,
Salli Richardson,
Alice Braga, Charlie Tahan


Sortie le 14 décembre 2007





Par le passé, l’incroyable roman de Richard Matheson et son potentiel (l’idée du dernier homme sur terre) visuel et dramatique avait déjà passionné plus d’un cinéaste. Mais les deux précédentes adaptations pour le grand écran (L'Ultimo Uomo Della Terra en 1963 et Le Survivant en 1971) furent un échec artistique cuisant, bien loin de rendre justice à l’impact graphique et émotionnel de ce roman majeur.

Aujourd’hui depuis sa publication en 1954 le livre de Matheson va enfin avoir l’adaptation qu’il mérite. Au service de cette incroyable histoire, le réalisateur Francis Lawrence (Constantine), l’acteur Will Smith, mais surtout une foi inébranlable de la part des 2 hommes envers le matériaux d’origine. Voici enfin porté à l’écran avec moyens et pertinence, le destin d’une humanité en voie de disparition.

Dans un futur proche, Robert Neville (Will Smith) scientifique brillant, contemple impuissant l’extinction de l’humanité face à un terrible virus qui décime la planète. Curieusement immunisé, il se retrouvera être le seul survivant, sur une terre dévastée. Persuadé qu’il n’est pas l’unique survivant de cette terrible pandémie, Robert Neville, entreprend de manière méthodique une quête à la recherche de ses semblables. Mais sa croisade se heurtera à une rencontre des plus horribles. Le fléau a transformé le code génétique du reste des humains, faisant d’eux des mutants dégénérés proches de la condition de vampire.

Mise à part ce postulat excitant, le film de Francis Lawrence, respecte avant tout la réflexion issue du roman original. Dès lors, tout ce qui a fait la modernité de ce monde, n’est plus que le vestige d’une civilisation éteinte, où l’être humain ne finira par ne plus être qu’une légende. Laissant place à des créatures nouvelles, issues des abîmes dont nous les avons fait naître. Notre monde est l’Atlantide.

Si le roman de Matheson était empreint de noirceur, voir de nihilisme, le réalisateur opte pour le même ton, mais les névroses de son personnage en moins. C’est donc le caractère scientifique du héros qui prend le dessus, puisque celui-ci organise ses journées de manière structuré, nonobstant le maigre espoir de retrouver les siens.

Il faut dire que le Robert Neville du roman subit une sombre solitude, qui le ronge comme une lèpre maudite (l’alcool aidant) et que chaque nuit est une lutte désespéré, barricadé dans sa maison assaillis par les hordes de vampires. Le Robert Neville 2007 quant à lui se voit affublé d’un compagnon canin, propice à éviter l’écueil de la folie, ou de la déprime, ce qui renforce le caractère pugnace du personnage.

La principale qualité de ce film et ce qui en fait réussite absolue, est au niveau de la justesse. Celle du jeu de Will Smith, auquel il est facile pour le spectateur, d’adhérer voir de s’identifier. Mais celle surtout des ambitions de Francis Lawrence qui évite avec soin les facilités à l’américaine, tout en préservant l’impact visuel énorme des plans et du thème de l’histoire. L’intimisme et l’introspection chère au roman de Matheson, rejoint avec harmonie le grand spectacle, qui illustre dès lors des émotions profondes et cauchemardesques sans sombrer dans l’excès ou la gratuité.

Ce juste mélange entre interprétation intimiste et grandeur du spectacle nous plonge dans l’esprit et l’atmosphère du roman (le sentiment d’enfermement et de solitude). Entre autre, ce plan en caméra aérienne plongeante saisissant, où Robert Neville traverse les rues dépeuplées d’une ville morte au volant de son bolide, frappe aussitôt l’imagination. Le sentiment d’espace et de liberté (seul au monde) laisse soudain place à une sensation terrible et suffocante. C’est une vision claustrophobe au cœur d’une ville trop grande pour un seul homme. Dans cette scène, tout l’impact d’une insupportable solitude nous saisit alors à la gorge.

Bref, Je suis légende est un gigantesque terrain de jeu scénaristique et une des adaptations des plus réussis de l’écrivain américain, passionnante en tous points, à ne manquer sous aucuns prétextes.




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Chronique d'une fin du monde annoncée...

28 semaines plus tard, Je suis une légende et maintenant Diary of the Dead.


Depuis peu, le caractère nihiliste de Roméro (cf. sa chronique des morts vivants) semble reprendre le pas sur l’industrie cinématographique qui depuis 2004, s’est à nouveau entichée des scénarios de fin du monde mettant en scène des avatars de morts vivants.
La considération apocalyptico-religieuse s’étant naturellement éloignée en ce 21ème siècle, pour laisser place à des présages plus cartésiens de la fin de notre espèce. Ainsi les zombis de ce siècle deviennent donc des infectés, assoiffés de violence et de chair humaine. En dehors de cela, rien n’a changé, ni dans le discours que sous tend la métaphore fantastique (mettre en scène l’incapacité de l’être humain à réagir de façon rationnelle et altruiste, face à une catastrophe à l’échelle planétaire), ni dans l’aptitude de ce cinéma à nous terrifier.
Ainsi, plus que l’occasion de nous faire peur, c’est aussi l’opportunité, pour nous impuissants, de mieux observer les rouages d’une société qui s’écroule. Le cinéma nous conte des lendemains obscurs, comme si nous étions un peu plus près chaque jour de l’irrémédiable, l’être humain sera bientôt relégué à l’état d’espèce en sursis, de légende et de fantasme, face des créatures fantastiques qui elles (métaphores de notre autodestruction) ont pris le pouvoir sur notre existence, sur notre patenté. L’écrivain Richard Matheson le disait déjà en 1954 dans son roman : « I’am a Legend ».
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Abandonnée

N’oublie pas que tu vas mourir.


ABANDONNEE (The Abandonned)

De Nacho Cerda
Avec : Anastasia Hille,
Karel Roden, Valentin Ganev
Certes, ce blog est consacré au cinéma asiatique. Mais tout cinéphile et passionné que nous sommes, nous devons également tolérer quelques justes digressions, quand l’actualité cinématographique nous gratifie d’œuvres rares et puissantes, mais qui ne bénéficient pas d’une campagne promotionnelle de circonstance.

La particularité du cinéma, lorsqu’il atteint un degré d’excellence est de pouvoir dans son authenticité transcender les cultures et les frontières. Et ainsi, marquer les yeux et les consciences de spectateurs venant de tout horizon. C’est actuellement le cas avec le cinéaste espagnol Nacho Cerda.
Voici donc le premier long métrage, d’un orfèvre de l’ambiance, qui avait déjà fortement remué la critique avec ses 3 derniers courts (The awaking, Genesis et Aftermath).

Pour son premier film, Nacho Cerda, réalise un coup de maître dans le cinéma de genre. Et signe, là où beaucoup d’autres ont échoué, une des histoires de fantômes la plus originalement écrite et transcrite. Thématiquement riche et visuellement terrifiante.
La caméra de Cerda, comme son travail de mise en scène, concordent à un subtil stratagème, visant à enfermer nos émois, nous maintenant dans une tension permanente, à la frontière du rêve et de la réalité. Une réalité distordue par les effets de la peur.

L’histoire prend pour cadre les campagnes reculées de Russie, étendues désolées, grises et froides, terres de fantasmes inconscients et de terreurs primitives. Le choix et l’exploitation du décor sont extrêmement judicieux pour la linéarité du récit. En ce rendant sur la terre de sa naissance, là où elle fut abandonnée, l’héroïne se retrouvera isolée comme au jour de sa naissance. Elle devient à la fois victime et auteur de sa propre fatalité, esseulée, coupée du monde et de tout espoir.

Maudit soit le jour de ta naissance








Sur les traces de son passé, Marie, citoyenne américaine, à quelques jours de son quarante deuxième anniversaire, se rend en Russie, sa terre natale, afin de découvrir qui étaient ses parents biologiques et les raisons de son abandon. Elle apprend alors qu’elle a hérité de la demeure familiale, une ferme lugubre et délabrée, isolée sur une île perdue au milieu des campagnes slaves. Mais en fouillant ses origines, Marie se retrouve prise au piège d’un cercle infernal qui lui révélera une vérité atroce. Elle et son frère jumeau jusque ici inconnu, vont se retrouver aux prises d’un funeste destin, auquel ils tenteront d’échapper. Après avoir tant couru après son passé, Marie doit à présent le fuir.


Abandonnée baigne constamment dans une atmosphère lugubre, comme si le film était habité par la Mort et l’inéluctable. Réalisation méticuleuse, mise en scène machiavélique, le film comme la maison de Cerda se referme tel un piège sur les protagonistes. Un puzzle parfait et implacable, balayé par un effroyable jeu d’ombres et de lumières. Notamment dans cette surprenante scène où Marie de sa lampe torche, balaie l’obscurité poussiéreuse, révélant dans chaque pièce, les tragédies sanglantes du passé.
Un hommage appuyé à Lucio Fulci dans ses relents sanglants et organiques (les yeux opalescents des doubles zombis des héros) et plus proche de nous des réminiscences à Silent Hill, le concept horror game de konami (variation et dégradation des décors sous l’opacité des ténèbres, la scène du placard…). Ce film est un cauchemar éveillé, devant lequel les morts en puissance hurlent à la vision de leur cadavre pourrissant.
Et c’est bien cette notion de cauchemar qui nous plaquera sur nos sièges tout au long de la projection. Abandonnée est un songe horrible et mystérieux dont il parait impossible de sortir. Ce film suinte d’une peur étrange, née de l’inéluctabilité de notre fin certaine.

Mais bien au-delà d’une mort imminente qui traque ses personnages, Abandonnée se prête à une seconde lecture, psychanalysant par le cauchemar les traumatismes de l’abandon, le tabou des secrets de famille.
Ainsi la quête d’identité de nos héros s’avérera des plus néfaste. Sommes nous condamnés à reproduire les erreurs de nos familles ? Les horreurs d’un passé inconnu peuvent-elle nous sauter au visage si nous posons les yeux dessus ? Nacho Cerda ne prétend pas apporter de réponses claires mais conclue sur une idée saugrenue que parfois le choix de l’ignorance peut être salutaire pour certains.


Dispo en DVD zone 2. Courrez vite le voir !
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28 semaines plus tard

(Grande Bretagne 2007)
De Juan Carlos Fresnadillo
Avec Robert Carlyle, Rose Byrne,
Cillian Murphy, Bendan Gleeson,
Christopher Eccleston




Enfin une suite à l’intimiste fin du monde selon Danny Boyle qui avait ouvert la voie avec 28 jours plus tard. C’est un Espagnol qui prendra les commandes de cette franchise, bien partie pour obtenir un franc succès, Juan Carlos Fresnadillo, délaisse volontairement le style naturaliste de Boyle pour emmener son film au cœur des vestiges d’une civilisation londonienne qui tente, mise sous tutelle par l’armée américaine, de se réorganiser après le désastre de la pandémie. Nous quittons la campagne (or contrôle) soumise à la rage des contaminés, pour nous réfugier dans une ville qui tente de se reconstruire derrière ses murs.

Dans cette autopsie de fin du monde où la pandémie est à la mode, Juan Carlos Fresnadillo opte pour le format DV plus proche de la réalité, du reportage fiction. Un style nerveux particulièrement efficace où l’homme (le spectateur voyeur) est invité à contempler la fin de son existence. Ceci justifie alors un montage (un peu trop) épileptique quant à la lecture de l’action, mais que nous ne saurons reprocher au réalisateur. Peut-être est-il seulement un peu avare quant aux purs moments de terreur (la scène de la traversé du métro londoniens dans l’obscurité totale est réellement convaincante), privilégiant l’action pure, l’urgence et l’énergie du désespoir. 28 semaines plus tard reste malgré tout un film enlevé, terriblement prometteur, qui aurait gagné à s’étoffer un peu plus sur la longueur. Espérons une version rallongée en DVD.

Le style reportage fiction particulièrement efficace ici, permet au spectateur de s’interroger quant aux réactions de ceux qui nous gouvernent si ce genre de catastrophe venait à arriver. Et la réponse de 28 semaines plus tard est ici un éloquent brûlot contre l’hégémonie militaire (et l’intervention américaine en général). Il suffit de se plonger dans LA scène clef du film (celle des snipers) qui supplante dans sa démonstration radicale tous les discours anti-militaristes. Dans la deuxième moitié du métrage, l’armée incapable de gérer la situation, demande à ses snipers d’abattre tout ce qui bouge, ne faisant plus de distinction entre les réfugiés (en fuite) et les contaminés ! Impossible de ne pas avoir peur, de ne pas se questionner… Derrière l’armada militaire, à quoi serons nous relégués, nous pauvres civils ? (1) Difficile aussi de ne pas faire le parallèle avec le conflit Irakien actuel, lorsque le scénario exploite avec tant de justesse l’ingérence de l’armée des US sur des Londoniens plongés dans une quarantaine travestie en dictature.
Pour sûre 28 semaines plus tard n'a pas du être bien accueillie en Amérique !
(1) Dans le même registre, il faut voir l’armée américaine dans Je suis une légende, faire sauter les ponts de New York afin de séquestrer la foule tentant de fuir la contamination. 
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